INAUGURATION LES 24 ET 25 SEPTEMBRE 03 DES NOUVEAUX LOCAUX DE
RENAUD ET PAPI
(AUDEMARS & PIGUET) AU LOCLE


Profils de M. Papi ?
Responsable de la recherche et développement et directeur technique, fondateur de Papi et Renaud au Locle, 38 ans, marié depuis 1985, j'ai 2 enfants de 2 et 4 ans, italien, né à la Chaux-de-Fonds, j'y ai fait toutes mes écoles.

M. Papi, pourriez-vous m'indiquer dans les grandes lignes votre trajectoire professionnelle ?
J'ai fait le technicum, à l'époque je voulais faire informaticien-électronicien car en 1979-80 c'est là que démarraient les ordinateurs ou alors mécanicien sur automobiles. Aux tests de l'orientation, une personne m'a dit que j'étais doué de mes mains et m'a conseillé d'être horloger, après mon apprentissage, je suis allé travailler chez Audemars&Piguet au Brassus, j'y suis resté 1 an et demie, en février 1986 avec mon ami Renaud, nous nous sommes dit que nous allions travailler à notre compte à la Chaux-de-Fonds. Nous voulions faire des montres squelettes et avoir beaucoup de temps libres. Personne ne s'intéressait à nos montres squelettes.
Une entreprise s'est intéressée à nos idées techniques et nous avons travaillé comme premier sujet "les répétitions minutes" dont nous avons fait l'étude et de fil en aiguille "des répétitions minutes" plus traditionnelles, classiques car il faut dire que c'est depuis les années 30 qu'on n'en faisait plus, il fallait refaire des études, des plans et nous en sommes arrivés en 1992 à avoir une petite entreprise avec des mécaniciens, des horlogers. Nous avions énormément de commandes et il nous fallait beaucoup d'argent pour constituer le stock, pour continuer de former les horlogers, pour mettre au point le système de fabrication et la meilleure façon d'avoir de l'argent consistait à vendre l'entreprise et donc, c'est ce que nous avons fait, nous avons vendu la majorité "52 %" à Audemars&Piguet en 1992.Cela a été une façon d'assurer la pérennité de l'entreprise. Nous avons été victime de notre succès, mais c'est sans regret.

On parle de Renaud et Papi. Qui est Renaud ?
M. Renaud Dominique est un horloger, mais avant tout un entrepreneur. Quand il a vu qu'en l'an 2000, tout tournait bien, il était arrivé aux objectifs qu'il s'était fixés, il commençait à s'ennuyer, il a vendu ses actions à Audemars&Piguet et il est parti dans le sud de la France.

Pourquoi avoir gardé la même raison sociale si M. Renaud n'est plus actif dans la société ?
J'ai moi-même actuellement 20 % d'actions et comme beaucoup de personnes nous connaissent avec ce nom et que je trouve que cela sonne bien, nous avons gardé cette raison sociale.


En 2002 vous avez acquis un terrain au Locle de 6400 mètres carrés, qu'en est-il aujourd'hui ?
Le but de l'achat de ce terrain était à l'avenir de pouvoir s'agrandir, si cela n'avait pas été possible, cela aurait été inutile de rester au Locle, nous aurions acheter ailleurs d'autres terrains. Une fois les travaux terminés, nous aurons presque le triple en surface.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?
A 7h30, je suis au travail, je n'ai pas de bureau personnel fermé, je suis au bureau technique, un ensemble très complexe, il y a la recherche et le développement, des constructeurs, un créateur artistique, le prototypiste, le bureau des méthodes, des dessinateurs, les machinistes, etc.…et nous allons maintenant compléter avec un laboratoire d'analyses.



J'ai un gestionnaire qui s'occupe de cela très bien. Pour ma part, je m'occupe du côté technique des choses, de la création, de proposer des nouveautés aux clients, d'être à leur écoute, d'assurer la fiabilité des montres, d'éviter les retours SAV et de m'assurer que les moyens techniques entrepris dans l'entreprise soient bien dans la philosophie de mon produit que je veux concevoir.

Que pensez-vous des femmes à haut poste dans une entreprise ?
Je ne suis pas contre, actuellement, il y a Mme Sermier Caroline, responsable de la communication. Je suis pour les salaires égaux entre femmes et hommes.

Combien d'employés compte à ce jour votre entreprise ? Prévoyez-vous d'en engager plus ?
Il y a environ 90 employés, à moyen terme, nous seront une centaine.


Que pensez-vous de la conjoncture actuelle pour le secteur horloger ?
Il y a de moins en moins d'artisans qui se mettent à leur compte, des jeunes gars qui en veulent et qui désirent travailler, moins de gens compétents qui font du bon travail et qui sont rapides. Peut-être en existent-ils, mais nous n'arrivons pas à les contacter, peut-être que ceux-ci ont trop de travail. Nous sommes à la recherche d'horlogers qualifiés avec des talents. Il est bien que les jeunes s'intéressent à ce métier là, d'ailleurs les écoles en forment de plus en plus, c'est une bonne chose. En ce qui nous concerne, nous n'avons que peu de baisse sur le marché.


Que pensez-vous du marché asiatique et les conséquences sur le marché suisse dans quelques années ?
Au niveau du personnel, nous avons tous des inquiétudes pour le futur. Nous n'aimerions pas revivre ce que nous avons vécu dans les années 70. Il faut que nous innovions, que nous soyons toujours admirés dans le monde et créer de nouveaux modèles au goût du jour.
Le côté économique veut que nous allions fabriquer nos pièces dans d'autres pays, en ce qui concerne mon entreprise, je n'ai aucun intérêt à y aller, car je n'ai pas assez de quantité à faire, mais il est bien d'avoir des produits de consommation à bas prix. Il serait bien d'avoir un sigle SWISS MADE où l'on pourrait constater si les montres sont entièrement suisses "AAA suisse, AAB 1/3 produit à l'étranger et ABB 2/3 à l'étranger", cela pour protéger l'image de l'horlogerie suisse. Le consommateur devrait être averti et nous devons laisser le marché décidé. Moi-même, je devrai peut-être revenir sur certaines de mes façons de faire.


Quel est votre but ces prochaines années ?

Mon but est de continuer à faire des belles choses, mon travail est ma passion, j'adore l'horlogerie.


A quelle date est prévu l'inauguration de vos prochains locaux au Locle ? La date est prévue le 24 et 25 septembre 03. En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas une marque, mais un producteur. J'inviterai mes employés, mes sous-traitants, mon voisinage, les écoles de l'horlogerie, les autorités le 25 . Les intérêts Audemars&Piguet en tant que marque se fera le 24 où seront invités les journalistes, leurs clients et leur Staff, une vedette de la chanson, David Halliday sera certainement présent avec des personnes de l'équipe Alinghi, un traiteur de la région nous servira sous une tente aménager à l'extérieur de l'entreprise.



Que va vous amener cet agrandissement de votre entreprise ?
C'est un outil de travail. Quand nous étions 50 personnes, c'était juste, quand nous sommes arrivés à 70 personnes, c'est devenu serré, nous avions besoin de près de 1000 mètres carrés pour pouvoir être 100 personnes dans l'entreprise, mais nous en avons construit 1800. C'est pour le bien des employés, de mes collaborateurs pour qu'ils se sentent bien car ils passent un tiers de leur vie ici.

Vos principales qualités ?
Je pense être gentil. Au niveau professionnel, j'ai un très bon esprit d'analyse. J'espère que je suis un bon père de famille et un bon époux.

Vos défauts ?
Je suis un peu tête en l'air. Il faudrait demander aux autres ce qu'ils pensent de moi, je serais curieux de savoir.   Je suis pointilleux, mais je ne laisse pas peser cela sur les gens.

Si vous aviez un souhait à réaliser ?
Que toutes les familles sur terre soient heureuses et un beau futur pour tous les enfants.

Interview fait le 14.05.2003 par Brigitte Chatelard Storrer

Visitez les sites :

www.watches-lexic.ch    et     www.audemarspiguet.com




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